BRESIL 2014

Croatie

Luka Modric : le « Cruijff des Balkans »

Il sera forcément l’un des hommes à suivre côté Croates lors du match d’ouverture du Mondial face au Brésil. Récent vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real Madrid, le si discret « Cruijff des Balkans » (son surnom en hommage à la légende hollandaise Johan Cruijff) est pourtant un des meilleurs milieux de terrains du monde actuellement.

Modric

Luka Modric, 1m74, 65kg, un physique presque enfantin, limite juvénile, alors qu’il fêtera bientôt ses 29 ans, est devenu la pièce maîtresse du Real Madrid version Carlo Ancelotti. Aujourd’hui, l’ancien joueur de Tottenham est au sommet de sa carrière. A une semaine de l’entrée en jeu de la Croatie, cela méritait bien un portrait. Ne cherchez plus un petit milieu de terrain gringalet, cheveux au vent, le Croate fait table rase. Après avoir remporté la « Decima », Modric est apparu avec un nouveau look, en coupant ses longs cheveux, comme il l’avait promis au socios madrilènes. Un changement qui lui donne des faux airs, du célèbre DJ français, David Guetta. Un style différent mais qui ne l’empêchera pas de donner le bon tempo aux « Damiers ».

Il possède un profil de maître à jouer dans un style qui ressemble trait pour trait à celui d’Andrea Pirlo. Des passes ciselées, précises et une aptitude à ratisser un nombre incalculable de ballon ont permis à ce frêle stratège de s’imposer partout où il est passé. Sa science de la passe et son aisance technique lui permettent de peser sur le jeu de ses équipes que ce soit en club ou en sélection croate, pour le plus grand plaisir de son entraîneur, Carlo Ancelotti : « Sa manière de se mouvoir balle au pied nous apporte beaucoup dans la possession et la création du jeu offensif. »

Une enfance sous les bombes

Pourtant, Luka Modric a dû batailler ferme avant d’en arriver au niveau qu’il a atteint aujourd’hui. Avant de fouler les pelouses de White Hart Lane et de Santiago Bernabeu, le virtuose doté d’une superbe palette technique a connu la violence. En effet, il a 5 ans lorsque la Yougoslavie sombre dans la guerre civile. Ce conflit qui coûte la vie à son grand-père, pousse ses parents à fuir la Dalmatie, bombardée par l’armée fédérale envoyée par Belgrade, pour trouver refuge à Zadar près du littoral croate. Une étape profondément difficile pour le Madrilène : « C'était une période extrêmement douloureuse, pas seulement pour moi, mais pour ma famille, mes amis et toute la Croatie. C'est très difficile d'en parler. Cela a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Mais je ne veux pas m'attarder là-dessus constamment. Je veux juste aller de l'avant. Rien ne peut me surprendre maintenant. »

C’est peut-être de là que le natif de Zadar tire la détermination sans faille qui le caractérise. Formé au Dinamo Zagreb, Modric avait, adolescent, essuyé de nombreux refus de la part de recruteurs à cause de son aspect chétif. Le Dinamo l’envoie parfaire sa formation en Bosnie, au Zrinjski Mostar, dans un championnat réputé pour son jeu musclé, alors qu’il n’a que 18 ans. Un nouveau prêt puis il retrouve le club de Zagreb où il tape dans l’œil du sélectionneur croate, Zlatko Kranjcar.

Bilic : « Le genre de joueur qui te fait aimer ton métier d’entraîneur »

Une première cape lors d’un match amical contre l’Argentine puis il s’installe dans la sélection pour la Coupe du monde 2006. Mais c’est l’Euro 2008 qui va le révéler au grand public. Après avoir marqué le pénalty victorieux face à l’Autriche (1-0), il réalise une performance de grande classe contre la « Nationalmannschaft ». Désigné homme du match, il met à terre à lui seul une équipe d’Allemagne ultra solide (2-1). Slaven Bilic, sélectionneur de la Croatie de 2006 à 2012 ne tarie pas d’éloge sur le maître à jouer de la sélection à damiers : «  Il a quelque chose en plus. Une détermination sans faille. Et c'est le genre de joueur qui te fait aimer encore plus ton métier d'entraîneur. » Un physique de gringalet mais une force mentale et une technique hors du commun font, aujourd’hui, de Luka Modric, l’un des meilleurs joueurs au monde à son poste.

A l'Arena Corinthians de Sao Paulo, le « Cruyff des Balkans » disputera avec les Vatreni le match d'ouverture de la Coupe du monde face au pays hôte, le Brésil. Aiguillée par son brillant meneur de jeu, la Croatie tentera de s'extirper d'un groupe A, pour le moins relevé, composé de la Seleçao, du Cameroun, et du Mexique.