Angleterre
Barkley, sur les traces de Rooney
Le jeune milieu de terrain d’Everton, Ross Barkley, fait partie des 23 joueurs sélectionnés par Roy Hodgson pour disputer la Coupe du monde au Brésil (12 juin – 13 juillet). Une bénédiction pour un gamin pétri de talent, dont la carrière aurait pu s’arrêter brutalement à seulement 16 ans.
Il y a cinq ans, le jeune Ross Barkley devait prendre deux bus pour rejoindre le centre de formation des Toffees, depuis sa maison situé en banlieue de Liverpool. Dans quelques jours, il sera dans l’avion pour Rio, aux côtés de Wayne Rooney et Steven Gerrard, deux de ses idoles nées dans la cité ouvrière du Nord-Ouest de l’Angleterre. Un chemin de traverse vers les sommets, c’est un peu l’histoire de Barkley. « C’est le plus grand talent anglais que je n’ai jamais vu », renchérit son entraîneur, Roberto Martinez, après son but somptueux contre Manchester City (2-3). Avec les pieds toujours sur terre, l’Anglais mesure bien sa chance d’évoluer dans son club d’enfance. Plus jeune, il refuse que les parents d’un coéquipier du centre de formation le conduisent chez lui... en Bentley. Trop gêné pour accepter. Une fois dans le bus, il s’endort parfois et manque son arrêt. Mais sa timidité ne l’empêche pas d’être extrêmement motivé. Surtout après cette blessure grave. À 16 ans, il subit une triple fracture de la jambe alors qu’il dispute un match de qualification pour l’Euro U19 contre la Belgique. Son développement s’estompe, son manager David Moyes est pessimiste suite au diagnostic du médecin. Barkley ne battra pas le record de précocité de Wayne Rooney, buteur à seulement 16 ans et 360 jours contre Arsenal (2-1). Après son retour de blessure, il ne parvient pas à s’imposer parmi les titulaires, et part donc en prêt dans les divisions inférieures (Sheffield Wednesday et Leeds United).
Le protégé de Roberto Martinez
Quatre ans plus tard, le milieu de terrain d’Everton est titulaire à part entière à Goodison Park. Et même international. Après seulement quatre rencontres sous les couleurs des Toffees, et un but en ouverture de la saison contre Norwich City (2-2), il débute avec les Trois Lions en match de qualification pour la Coupe du monde contre la Moldavie (4-0), en septembre dernier. Il impressionne déjà. Sa première frappe manque de peu le cadre. « Je suis déçu de ne pas avoir marqué ce but, mais c’est clair maintenant, mon objectif est d’aller au Brésil », déclare t-il alors. « J’étais très impressionné au début par la présence de Lampard et Gerrard, mais être aux côtés de mes coéquipiers en club Phil Jagielka et Leighton Baines m’apporte beaucoup de sérénité. » En club, il développe son talent aux côtés de James McCarthy et Garreth Barry dans un milieu de terrain performant. Martinez l’autorise à exprimer sa technique, sa vitesse et à distiller ses passes incisives au cœur de la défense adverse, tout en l’encourageant à persévérer s’il se loupe. Sa performance contre les Citizens, malgré la défaite, l’illustre parfaitement. « Barkley est déjà une star », avoue Martinez. « Je ne pense pas qu’un autre jeune joueur anglais puisse réaliser ce qu’il fait. » De là à placer tous les espoirs anglais sur ses épaules ? Pour le technicien espagnol, il faudra encore patienter. « Mais s’il est prêt mentalement, il a le caractère pour aider l’équipe », ajoute l’ancien entraîneur de Wigan. Comme lors des débuts de Wayne Rooney en compétition internationale à l’Euro 2004, l’Angleterre n’a désormais qu’une hâte : voir Barkley éclore sur les pelouses brésiliennes et se muer en nouvelle star.
Adrien DEBARGUE
@Rep_o_Paris