Coupe du monde 2014
Séville 82 : La France crie vengeance
Vendredi à Rio, les Bleus affrontent la Nationalmannschaft pour se qualifier pour les demi-finales. Pour tous ceux qui ont moins de 30 ans, ce match ne vous dit peut-être pas grand chose. Pour les autres, cela fait forcément écho à des souvenirs douloureux, une blessure jamais vraiment guérie. Plongée dans les moments clés de la rencontre.
Le 8 juillet 1982, l’ambiance bât son plein dans le fameux stade Sanchez Pizjuan de Séville. Une place en finale de la Coupe du monde se jouait dans un des matchs les plus dramatiques de l’histoire des Bleus. Un scénario incroyable digne d’Alfred Hitchcock. L’attentat d’Harald Schumacher sur le malheureux Patrick Battiston, la course folle d’Alain Giresse ou encore le pénalty raté de Maxime Bossis... Evidemment, ce match France-RFA, renvoie toujours les mêmes images. On a beau les voir encore et encore, le déroulé de la rencontre est le même, la fin ne change jamais, les émotions et le sentiment qu’elles procurent non plus. A ce sujet, Michel Platini a usé de la plus belle des formules, tout aussi excessive qu’a pu être cette rencontre : « Celui qui n’a jamais vu ce match n’a jamais vu un match de football. Celui qui n’a jamais vu ce match n’a jamais vu un match de Coupe du monde. Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville ».
Battiston- Schumacher : le symbole de ce match
Le match débute mal pour les Bleus puisque c’est Littbarski, l’ailier de poche de la Mannschaft qui ouvre la marque, en reprenant de loin un ballon repoussé par Jean-Luc Ettori. Nullement déboussolés par l’ouverture du score allemande, les Français réagissent et haussent leur niveau de jeu. Sur pénalty, Michel Platini égalise et relance son équipe. Au retour des vestiaires, coup dur pour les hommes de Michel Hidalgo avec la blessure de Bernard Genghini touché à la cheville après un contact avec le défenseur allemand Manfred Kaltz. Son remplaçant se nomme Patrick Battiston. Personne n’oubliera ce joueur. A la 57ème minute, Harald Schumacher sort aux devants du nouvel entrant et le percute de plein fouet. Un geste d’une rare violence. Le Français est cloué au sol, son corps presque sans vie gît sur la pelouse. Terrible. Aucune sanction. Le latéral tricolore sort sur civière avec deux dents cassées, une blessure aux cervicales et un traumatisme crânien. Indéniablement le tournant du match. L’arbitre de la rencontre M. Corver ordonne une remise en jeu en faveur de la RFA, un simple 6 mètres. Une décision jugée à posteriori comme l’une des pires décisions d’arbitrages de l’histoire du Mondial. Cette sortie assassine reste 32 ans après, comme le symbole inéluctable de cette rencontre. Le score n’évolue pas au cours de la demi-heure restante, même si les Français avaient haussé le ton et dominaient outrageusement leurs adversaires.
Du rêve au cauchemar
10 minutes, voilà ce qui a suffit aux coéquipiers de Platoche pour mettre les Allemands au tapis. Tout d’abord, Marius Trésor marque d’une magnifique reprise de volée en pivot. Puis le passeur décisif, Giresse, inscrit le 3ème but, resté dans toutes les mémoires, non parce que son tir à l’entrée de la surface frappe le poteau avant de rentrer, mais pour sa course folle célébrant ce but que les Bleus pensent décisif pour la victoire et une accession vers la première finale de Coupe du monde de leur histoire. Une course tel un pantin désarticulé complètement ivre de bonheur. Oui mais ça, ce n’est bon jusqu’à ce que Karl-Heinz Rummenigge et Paul Fischer viennent briser le rêve français. 3-3 à la fin de la prolongation et c’est la cruelle séance des tirs aux but qui s’annonce. Une tragédie à la française ponctuée par un échec de Maxime Bossis. 3-3 ; 5 tirs aux but à 4 score final. La première finale en Coupe du monde des Bleus n’aura pas lieu. La France est KO debout, l'Allemagne peut exploser de joie.
Ce vendredi 4 juillet 2014, au Maracanã, espérons que l'histoire soit différente.