BRESIL 2014

Groupe D

TOPS/FLOPS : L’Uruguay six pieds sous terre

8 matches, 28 buts marqués dont 13 pour la journée de samedi : la Coupe du monde est placée sous le signe de l’offensive. Du renversement ivoirien à l’effondrement uruguayen, en passant par la solidité italienne, voici notre top/flop de samedi.

Lugano

TOPS

1) Serge Aurier (CIV)

Ce serait peu dire que Serge Aurier a ôté une douloureuse et énorme épine du pied de la Côte d’Ivoire cette nuit face au Japon (2-1). Le latéral toulousain qui disputait son tout premier match de Coupe du monde a été tout simplement énorme sur son côté droit. Celui auquel on reproche un manque de constance a maintenu le même niveau d’engagement physique tout au long de la rencontre. Et celui-ci a permis de renverser les Nippons en moins de 100 secondes. Auteur de deux superbes centres pour les têtes de Bony et Gervinho, Serge Aurier a donc été doublement décisif. Présent sur chaque offensive, déterminant dans les phases de repli, c’est lui qui a progressivement éteint le pourtant bouillonnant Keisuke Honda. A n’en point douter, cette performance de haut vol va définitivement l’éloigner de Toulouse et le rapprocher d’un top club.

2) Salvatore Sirigu (ITA)

En fait, la Ligue 1 a clairement brillé hier soir. Après Serge Aurier, on vous propose Salvatore Sirigu. Alors qu’il s’était certainement fait à l’idée qu’il ne disputerait pas une miette de ce Mondial, le portier parisien a eu la joie toute relative d’apprendre la défaillance de l’historique gardien de la Squadra, Gianluigi Buffon. Propulsé dans les cages de Manaus pour l’ouverture face à l’Angleterre, celui que ses partenaires aiment à surnommer Salvatore Adamo a été omniprésent sur sa ligne. Les frappes lourdes d’Henderson et Sterling ont connu le même destin : les gants de l’ancien de Palerme. Bondissant comme un chat, vif comme un rapace, Sirigu est en plus de cela apparu extrêmement tranquille malgré l’enjeu. Ses bonnes relances et son autorité sur les balles aériennes ont constamment rassuré. Ah, et il ne peut évidemment rien sur le but de Sturridge, abandonné par sa défense sur ce coup-là.

3) Mario Yepes (COL)

Papy fait de la résistance, pourrait-on titrer. En ouverture de la troisième journée de compétition, le vétéran Mario Yepes et capitaine de la sélection colombienne a resplendi sur le pré de Belo Horizonte. A 38 ans, l’ancien joueur du Paris Saint-Germain a tout simplement écœuré les attaquants grecs et transformé sa défense sud-américaine en véritable bunker. Infranchissable, impossible à berner, on ne la fait pas au Super Mario colombien. Quand Cristian Zapata pataugeait quelque peu à ses côtés, le roc de l’Atalanta Bergame était là pour assurer ses arrières. Un vrai coéquipier. Et on a aussi beaucoup aimé son rush solitaire en première période pour extraire le ballon de son camp et vite contrer les Grecs. Ben oui, en plus de savoir défendre, Yepes sait aussi sortir la balle proprement. Belle entrée dans ce Mondial en tout cas.

En plus :

Même si on s’était cantonné à trois tops joueurs, on réserve tout de même ce mini paragraphe à Joel Campbell (Costa Rica). Auteur d’un but et d’une passe décisive, le joueur de l’Olympiakos a fait plier l’Uruguay. On savait le Costa Rica détenteur d’un joueur de talent en pointe, on ignorait qu’il puisse être si déterminant. Chapeau l’artiste.

FLOPS

1) Diego Lugano (URU)

L’heure est venue de distribuer les mauvais points. Et le cancre de la journée de samedi s’appelle… Diego Lugano ! Celui-là, il est habitué à se faire taper sur les doigts par la presse française et même si on ne voulait pas pérenniser cette tendance, on ne peut s’empêcher de se sentir outré devant les défaillances du capitaine de la Celeste. Tout porte à croire que sa carrière s’est plus ou moins arrêtée le 6 juillet 2010 au Cap, au soir d’une défaite contre les Pays-Bas en demi-finale de la Coupe du monde (3-2). En club, sa carrière s’est effondrée, son arrivée prometteuse au PSG en 2011 a tourné en blague. Deux saisons en France sans vraiment jouer, un prêt non concluant à Malaga, un nouvel échec à West Bromwich où il ne poursuivra pas : Diego est arrivé au Brésil sans club et on comprend pourquoi. Symbole de la frilosité défensive de l’Uruguay, nerveux et parfois en retard dans ses interventions, il s’est noyé face au Costa Rica et la Celeste est désormais bien partie pour couler dès les phases de poules.

2) Shinji Kagawa (JAP)

Son faible temps de jeu à Manchester United était à double tranchant. Il pouvait exploser au Mondial grâce à une condition physique exceptionnelle ou sombrer encore plus par manque de rythme. S’il est présent dans les flops, vous aurez très vite compris que Shinji Kagawa a raté son entrée en Coupe du monde. On ne l’a tout simplement pas vu contre la Côte d’Ivoire, lui qui était si génial au cœur du jeu à Dortmund. S’il avait su se mettre au diapason de l’excellent Honda qui a manqué d’un cheveu sa présence dans notre top 3, alors le Japon aurait vite fait plier la Côte d’Ivoire. Mais non. Le joueur de United a erré comme un fantôme, s’est fait bousculer physiquement et n’a pas du tout pesé sur la rencontre. Alors qu’on en a fait une pièce maitresse du système nippon, le fantasque Shinji devra se réveiller contre la Grèce jeudi prochain s’il veut offrir un éventuel seizième de final fictif à son pays contre la Colombie lors du dernier match de poules.

3) Diego Forlan (URU)

Deuxième Uruguayen à connaître le déshonneur d’une place parmi nos flops : un autre Diego, Forlan celui-là. Très franchement, il nous a fait beaucoup de peine hier soir à la pointe de l’attaque de la Celeste. Celui qui fut élu meilleur joueur du Mondial 2010 (quand même) n’est plus que l’ombre de lui-même. Ses éclairs de génie ne sont plus, ses frappes magistrales qui débloquèrent bien des situations en Afrique du Sud n’étaient que des pichenettes insignifiantes hier contre le Costa Rica. Aïe, ça fait mal de vieillir, plus encore de ne plus jouer dans un championnat européen. La ligue japonaise a donc ses limites. On a perdu ce bon vieux Forlan et c’est toute l’Uruguay qui en a pâti. Plus de jus pour venir chercher les ballons bas, un œil moins aiguisé pour distribuer le jeu et une condition physique qui l’a contraint à sortir plus tôt, lui l’incroyable guerrier de l’Atlético Madrid. Il ne fait presque aucun doute que contre l’Angleterre, lors d’un match à quitte ou double jeudi prochain, Óscar Tabárez lui préférera Luis Suarez. Définitivement : pauvre Diego…