Coupe du monde 2014
Scolari jaune et le Brésil pleure
Le Brésil ne se remet toujours pas de l’humiliation subie face à la Nationalmannschaft (1-7) en demi-finale de son Mondial. Pour l’ensemble du peuple brésilien, un visage se dessine dans la défaite, le seul et unique responsable se nomme Luiz Felipe Scolari.
Les déclarations fusent sur le cas Scolari ! La défaite ou plutôt le désastre de Belo Horizonte sonne comme le plus gros point noir de l’histoire du football brésilien. Felipão apparaît maintenant comme l’ennemi numéro 1 des locaux, devant le rival de toujours, l’Argentine qui s’est hissée en finale de leur Coupe du monde. Pourtant, le sélectionneur de la Seleção a entièrement assumé ce fiasco, et ce, dès la fin du match en conférence de presse. A la question qui est le responsable de cette défaite, Felipão n’élude pas le sujet « C'est moi qui ai fait l'équipe, c'est moi le responsable. » Lui qui avait mené le Brésil au titre de champion du monde en 2002, s’est empressé de s’excuser : « Mon message est pour le peuple brésilien et pour les supporters brésiliens. On a fait tout ce qu’on pouvait faire, on a donné notre meilleur. Alors, excusez-nous pour cette erreur. Nous sommes désolés de ne pouvoir continuer jusqu’en finale ». Mais rien n’y fait, peuple, presse et anciens joueurs n’ont que faire de ses regrets et lui tombent dessus à tour de bras. Romario, ancienne gloire de la Seleção et désormais député fédéral socialiste de l’Etat de Rio veut envoyer en prison les dirigeants du foot brésilien. Ce même Romario déclarait pourtant au mois d’avril que Scolari était la meilleure solution possible pour mener le pays vers un sacre à domicile.
Depuis mardi soir, le pays marche au ralenti sauf quand il s’agit de tailler, de fracasser Luiz Felipe Scolari. Les médias brésiliens sont en première ligne et lui ont clairement signifié « d’aller en enfer ». Le puissant O Globo ne loupe pas le sélectionneur : « Préoccupé par le fait de préserver les titulaires de blessures, Scolari a opté pour des exercices plus légers et une priorité : repos, repos et plus de repos ». La Une du même journal n’est pas plus tendre : « Vexation, honte et humiliation ».
A capa de hoje: http://t.co/FOLMNtYOxL pic.twitter.com/Wadhhplkfx
— Jornal O Globo (@JornalOGlobo) 9 Juillet 2014
L’agent de Neymar allume Scolari
Scolari fait l’objet d’une véritable vendetta. Un lynchage à la hauteur de l’humiliation subie qui n’est pas sans rappeler celui vécu par Raymond Domenech en 2010 après l’affaire Knysna. Le dernier en date, l’ancien Lyonnais Juninho a réagi sur RMC et emboîte le pas des sulfureuses déclarations de Romario. « Moi, personnellement, si je suis l’entraîneur et que je perds 7-1, je cède ma place avant ce dernier match contre les Pays-Bas. Si tu as un peu d’honneur... Si j’avais été l’entraîneur, j’aurais pris ma décision dès la fin du match. J’aurais démissionné, avec tout le staff. C’est impossible que Scolari soit au stade samedi avec Parreira, avec la sélection du Brésil ». Mais la palme de la cruauté revient à l’agent de Neymar. Sur son compte Twitter, Wagner Ribeiro émet une liste des prérequis pour être sélectionneur du Brésil : « 1 - Aller entraîner l'équipe nationale du Portugal (entre 2003 et 2008, ndlr) et ne pas gagner quoi que ce soit ; 2 - Aller entraîner Chelsea et être viré (2008-2009) ; 3 - Aller entraîner en Ouzbékistan (2009-2010) ; 4 - Revenir au Brésil, entraîner une grande équipe (Palmeiras, 2010-2012) et la rétrograder en deuxième division ; 5 - Poser sa démission 56 jours avant la fin du championnat pour échapper à la relégation ; 6 - Être un vieux connard, méchant, arrogant et ridicule. »
6 quesitos para ser técnico da Seleção Brasileira . pic.twitter.com/LRdJSgdIbC
— Wagner Ribeiro (@wagneribeiro_) 9 Juillet 2014
Ohé, ohé capitaine abandonné
La responsabilité de Scolari dans ce désastre est trop grande pour lui être pardonnée. La fédération brésilienne avait annoncé avant le début de la Coupe du monde, qu’elle voulait garder Scolari quoi qu’il arrive. Impossible désormais d’envisager une telle hypothèse.
Mais le sélectionneur n’est pas sur le terrain, il est trop facile de tout lui mettre sur le dos. Quand on a des joueurs évoluant au PSG, à Chelsea, à Barcelone, au Bayern Munich ou encore à Manchester City, on ne peut pas perdre 7-1. Ce naufrage est celui de tout un modèle, de tout un collectif. La pression était trop grande pour ces joueurs. Certains d’entre eux auront beaucoup de mal à s’en remettre. Mais il est trop facile d’accuser Scolari d’avoir déconstruit à lui seul l’école brésilienne. Il est certes responsable des joueurs qu’il met en place sur le terrain et des 23 qu’il a sélectionnés. C’est peut-être là que le bât blesse, lorsque l’on voit que des jeunes comme Lucas, Marquinhos, ou des vieux briscards comme Ronaldinho ou Kaka sont restés sur le quai. Finalement, Scolari pouvait-il aller plus haut que ce stade des demi-finales, que le Brésil n’avait plus atteint depuis 2002 et son titre de champion du monde ? Pas certain ! Il manquait peut-être un avant centre de renom et un taulier au milieu de terrain pour que la Seleção puisse réellement y croire.
En définitive, cette génération manque encore de talents confirmés pour rêver décrocher une sixième étoile. Tout le monde a voulu croire à un miracle impossible, sans prendre le recul nécessaire pour replacer cette équipe à son juste niveau. Samedi, espérons pour lui que les Pays-Bas ne lui infligent pas une nouvelle humiliation dans un match pour la troisième place. Enfin une chose est sûre, la moustache type Scolari ne sera certainement pas à la mode cet été à Rio.