BRESIL 2014

Allemagne

Schweinsteiger, un combattant qui n’a plus le temps

Pour contrecarrer le destin du Brésil ce soir lors de la première demi-finale du Mondial, la présence de Bastian Schweinsteiger dans le camp allemand ne sera pas de trop. Portrait de celui qui incarne le cœur d’une génération toujours placée mais jamais gagnante... pour l’instant.

Bastian Schweinsteiger

Les années passent, les étoiles se collent sur les maillots de ses adversaires, les titres se soulèvent alors qu’il n’a fait que les effleurer et lui, il est toujours là. Ce lui en question, c’est bien sûr le milieu de terrain de la Mannschaft, le robuste et tenace Bastian Schweinsteiger. Une tête blonde vissée sur de larges épaules, un buste imposant et des chevilles aussi flexibles qu’un duo de roseaux, utiles pour mieux dompter la balle et tromper ses adversaires. Avec le temps, on en oublierait presque que le joueur du Bayern n’est âgé que de 29 ans (il en aura 30 le 1er août prochain). Il faut dire qu’avec son nom imprononçable, à faire pâlir n’importe quel as des concours de dictée, Bastian arpente les terrains de football des Coupes du monde depuis 2006, son numéro 7 fièrement floqué dans son dos. Ce chiffre est un porte-bonheur pour certains tant il a de connotations positives dans la société occidentale. Mais a-t-il souri à celui que l’on surnomme affectueusement « Schweini » pour s’économiser de la salive ?

Un porte-bonheur voué au malheur

Oui et non. Oui car si l’on regarde les résultats de l’Allemagne lors des compétitions internationales depuis que le joueur fait partie de la sélection, ils sont tout simplement incroyables. Demi-finales des Coupes du monde 2006, 2010 et 2014 (voire plus), finale de l’Euro 2008 et demi-finale de l’Euro 2012 sont venues jalonner l’immense carrière en sélection du milieu de terrain bavarois. A ceci près bien sûr qu’il n’a jamais réussi à faire gagner la génération dorée dont il est le fer de lance avec Philipp Lahm. Un appétit pour la victoire qui se creuse année après année. « Si je ne disais pas maintenant que je veux aller en finale, cela sonnerait faux, avait-il lancé en 2010 avant d’affronter les futurs champions du monde espagnols. On a déjà battu deux grosses équipes: au tour maintenant de l'Espagne, la meilleure équipe du monde. » Les faits n’avaient alors pas suivi cette déclaration. 2014 est donc une nouvelle chance. Celui qui a fait tout son parcours professionnel au Bayern de Munich ne devrait pas manquer de soutiens et les raisons d’un succès à venir son multiple.

Pourquoi Bastian Schweinsteiger ne va plus connaitre d’échec en Coupe du monde ?

1. Tout d’abord, il a l’appui indéfectible du sélectionneur Joachim Löw. Comptant sur lui pour les matches couperets, la tête pensante de l’Allemagne a préféré laisser le joueur au repos lors des premiers matches afin d’en faire son atout numéro un, passé le premier tour. En 2010, suite à une victoire en quarts de finale contre l’Argentine, Löw avait dit de Schweini qu’il était « magistral par son volume de jeu et ses efforts. ». « Il a dirigé l’équipe et l’a organisée de main de maître. » Etre hautement estimé par son chef est le meilleur moyen de se sentir droit dans ses bottes. Droit dans ses crampons en l’occurrence.

2. C’est le chouchou d’Angela Merkel. Depuis 2006, la chancelière allemande n’a d’yeux que pour lui et ne cesse de clamer son attachement au milieu de terrain de la Mannschaft. Un tapage à rendre fou de jalousie notre François national. Une relation amicale étrange mais que Schweini rend bien à Angela. Le joueur s’était fait remonter les bretelles par la chancelière suite à une expulsion un peu stupide lors de l’Euro 2008 et il avait alors déclaré : « Elle m'a dit que je ne dois plus faire une telle bêtise. Et elle a dit que je dois à nouveau jouer comme autrefois en 2006. Quand la chancelière dit quelque chose, il faut le faire. » Quand on est soutenu par les hautes sphères du pouvoir, on a la pression, mais on se sent fort, évidemment.

3. Il a enchanté tous les entraineurs qui l’ont eu sous leurs ordres. De Hitzfeld en passant par Van Gaal jusqu’à Guardiola de nos jours, tous sont tombés sous le charme footballistique du crack allemand. Pour vous illustrer ce respect profond de ses supérieurs, on vous a sélectionné la déclaration parlante signée Jupp Heynckes en 2013: « Bastian aborde le football jour après jour. Il est capable de penser attaque et défense dans la même seconde et il est la raison essentielle au fait que notre équipe ne concède que très peu de buts. Dans le football actuel, il faut savoir jouer intelligemment et combiner efficacement même dans des espaces réduits. Schweinsteiger est de ceux qui le peuvent. Et ça le rend hors de prix. » ... Recevoir une apologie de la part de joueurs du passé, grands entraineurs du présent, ça en dit long sur vos capacités.

4. Enfin, Schweinsteiger est un battant, un soldat, un ninja, un guerrier, un buffle, un terminator…tout ce que vous voudrez ! Enlevez-lui un bras, une jambe, ou toute autre partie précieuse de son corps, il ne s’arrêtera pas de courir et de se battre pour sa nation. Vous ne nous croyez pas ? Demandez donc à Bixente Lizarazu qui s’est entretenu avec lui après la séance de tirs au but victorieuse face au Real en 2012 : « Après le match, Bastian Schweinsteiger est venu me voir pour me dire qu’il avait perdu une coucougnette juste avant de tirer son tir au but ». Mais il l’a marqué ! On vous avait prévenu. Si avec un tel combattant, l’Allemagne ne surmonte pas l’obstacle brésilien…