BRESIL 2014

Argentine

Mascherano, un petit chef mordu de foot

Titulaire indiscutable au milieu de terrain de l’Albiceleste, Javier Mascherano sera une fois de plus le leader charismatique de son équipe face à la Belgique (18h). De la qualité de son travail de l’ombre peut grandement dépendre le destin de l’Argentine dans ce Mondial. Portrait d’un caractériel passionné de son sport.

Mascherano

Il n’y a qu’à se repasser ses coups de gueulante et ses jérémiades devant le jeu musclé de Gokhan Inler, mardi dernier contre la Suisse, pour comprendre qui est Javier Mascherano. Dans le milieu de terrain de l’Argentine, s’il y en a un qui hausse le ton pour effaroucher l’adversaire, c’est bien le Barcelonais. Dans un onze où flambent les plus discrets Lionel Messi et Angel Di Maria, le défenseur de métier blaugrana apporte à chaque match cette petite dose de caractère sans laquelle l’Argentine ne serait certainement pas ce qu’elle est à ce jour. Et si l’ancien joueur de Liverpool est si important dans chaque équipe pour laquelle il joue, c’est aussi parce que c’est un véritable mordu de football. « Sa passion, c’est aussi de jouer aux jeux de foot sur console, raconte Diego Sambucetti, son agent de longue date. En vérité, toute sa vie tourne autour du football. Il est toujours enclin à avoir de bonnes discussions à propos de football, de stratégies et de tactiques. » Tous ces traits de caractère se ressentent de fait sur le terrain quand on voit le natif de San Lorenzo recadrer ses partenaires ou les haranguer à se replacer plus vite.

Un joueur talentueux mais colérique

Enfant prodige de River Plate, Javier Mascherano acquiert très vite la réputation de leader des troupes. C’est ainsi que lui est rapidement alloué le surnom Jefecito (le petit chef), qui lui colle encore à la peau de nos jours. Passé notamment par West Ham puis très vite Liverpool, l’Argentin aura laissé à l’Angleterre l’image d’un joueur emblématique et talentueux mais hélas, aussi fougueux et colérique. En témoigne sa rage un jour où il reçut un carton rouge et que refusant de quitter le terrain, il dut attendre les remontrances de Rafael Benitez pour s’exécuter. « C’est une très bonne personne, poursuit son agent Diego Sambucetti, ''il est passionné et a beaucoup de tempérament, peut-être trop même. Ca se ressent dans sa façon de jouer. Parfois c’est mal parce que ça renvoie une mauvaise image de lui, la même que certains fans anglais gardent en mémoire. C’est dommage car c’est un garçon très charmant.’' » Malgré son caractère de feu, Mascherano est très vite catégorisé parmi les meilleurs joueurs de Premier League. C’est comme ça qu’il tape dans l’œil de Pep Guardiola et s’en va poser ses valises au FC Barcelone où il côtoiera alors son partenaire en sélection, le quadruple Ballon d’Or, Lionel Messi.

Une place parmi les meilleurs

Avec le Barça, Mascherano s’affirme comme un défenseur central de grand talent, poste qui n’était pourtant pas son rôle de prédilection. Surtout, comme ses camarades blaugrana, il se forge en Espagne un palmarès unique en enrôlant tous les trophées possibles (Liga, Ligue des Champions, Coupe du Roi, Coupe du monde des clubs). Mais le plus beau qu’il ait soulevé est certainement sorti de la bouche de Guardiola lorsque ce dernier a déclaré à propos de son joueur en 2012 : « Je n’espérais pas qu’il nous offre autant que ce qu’il nous a apportés : sa valeur est inestimable. C’est un joueur et une personne spectaculaire. Javier Mascherano est le meilleur joueur que le club ait fait signé au cours des quatre dernières années. » Avec la sélection argentine, le tempétueux milieu de terrain espère désormais conquérir le monde. Malgré un huitième de finale difficile contre la Suisse (1-0, ap), Jefecito garde le moral. « C’est très compliqué, a-t-il dit après la qualifications. Mais ce n’est pas à cause de ce que nous ne réussissons pas face au but. Je préfère me concentrer sur le positif. Dans une Coupe du monde aussi difficile, où une qualification est très coûteuse en énergie, nous avons quand même accompli de grandes choses. » La plus grande serait de soulever le trophée mondial dans huit jours. Mais d’ici-là, le Barcelonais devra notamment museler Eden Hazard et Kevin De Bruyne, ce soir. Une tâche, n’ayez crainte, dont il s’accommodera avec toute la hargne qui le caractérise. Comme toujours.