Allemagne
Thomas Müller, dans l'ombre des géants
Ronaldo, Miroslav Klose, Just Fontaine, des légendes qui ont participé à construire la légende de la plus prestigieuse des compétitions de football. Dans les traces de ces rois sans couronne, Thomas Müller trace sa route, en toute discrétion.
Si on vous parle de football et qu'on y associe le nom de Müller, il y a des chances pour que vous pensiez à Gerd Müller, le joueur phare de la Mannschaft dans les années 70. Pourtant, un autre Müller écrit peu à peu l'histoire de son pays. C'est vrai, le joueur du Bayern de Munich n'est pas le plus charismatique des de sa sélection, ni de son club, il n'est pas le plus technique ni le plus virevoltant. Une anecdote révèle bien cette discrétion du bavarois. Le 3 mars 2010, à la suite d'un match amical entre l'Allemagne et l'Argentine, Thomas Müller se présente en conférence de presse après la défaite 1-0 de son équipe. Le sélectionneur de l'Argentine, Diego Maradona est lui aussi convié au point presse. Or, quand el pibe de oro arrive, il prend le joueur allemand pour un ramasseur de balle et l'oblige à quitter la conférence de presse. Tel est la nature de ce joueur, discret, humble. Pourtant, à 24 ans seulement, celui que la presse allemande surnomme affectueusement l'homme sans muscle, totalise déjà 9 buts en coupe du Monde. Meilleur buteur et meilleur espoir de la compétition en 2010, il totalise déjà 4 buts dans ce Mondial et tout porte à croire qu'il va continuer sur sa lancée.
Très jeune, à l'age de 10 ans, Thomas Müller est repéré par la cellule de recrutement de recrutement du club bavarois. Il fait ses classes au sein des équipes jeunes et gravit rapidement les échelons du Bayern de Munich. Il dispute son premier match en équipe première en août 2008 face au Hambourg SV et dès la saison 2009-2010 il devient, sous les ordres de l'actuel sélectionneur des Pays-Bas, un titulaire en puissance. Comment décrire ce joueur, quelles sont ses forces, ses faiblesses ?
On connaît la rapidité et la faculté à provoquer de la paire Robbery, on sait l'intelligence de jeu et la science du placement de Bastian Schweinsteiger, mais Thomas Müller reste un mystère pour bon nombre d'observateurs. Lui même peine à se décrire, il déclarait d'ailleurs à son sujet : « J’ai rarement vu un joueur aussi bizarre que moi. Mais quelque part, j’ai du succès ». Que dire de plus ? Dans l'ombre des stars du Bayern et de la sélection allemande, il existe un joueur que l'on ne remarque pas, qui n'aspire d'ailleurs pas à être le centre des attentions, un joueur au profil atypique, à la démarche hésitante et calme, un joueur au génie caché mais certain.
Ce soir, la Mannschaft de Joachim Löw défie l'une des surprises de ce Mondial, l'Algérie. Dans un match où l'Allemagne part logiquement favorite, Thomas Müller sera une nouvelle fois titularisé à la pointe de l'attaque. Il y a fort à parier que le joueur bavarois ne sera pas au centre des attentions, sans doute le sélectionneur algérien n'a pas élaboré de plan anti-Muller. Comment le pourrait-il d'ailleurs ? Dans un flegme qui lui est propre, avec son élégance vacillante et ses qualités d'artiste maladroit, Thomas possède ce don de l'imprévu pourtant si prévisible au vue de son importance au sein de son équipe. Si, dans l'ambiance bouillante du stade de Porto Alegre, Müller réalise un grand match, on ne criera pas au génie, tout juste la presse et les spectateurs évoquerons le réalisme de ce joueur. Si, au contraire, il passe au travers de son match, n'ayez crainte, on ne l'accablera pas et c'est peut être là la grande force de ce joueur.
Discret et efficace, Thomas Müller a encore l'occasion ce soir, de passer, le temps d'un match au moins, de l'ombre à la lumière.