Groupe H
L’Algérie caresse son plus grand rêve
Opposés ce soir à la Russie pour leur dernier match du groupe H, les Fennecs algériens entrevoient leur premier huitième de finale de Coupe du monde. De l’avis général, c’est le mental et la solidarité qui vont guider l’Algérie, et rien d’autre.
Coup de sifflet final de Corée du Sud–Algérie (2-4) le 22 juin dernier. La joie algérienne sur la pelouse de Porto Alegre est à la hauteur de l’exploit que viennent d’accomplir les hommes de Vahid Halilhodzic. En plus de devenir la première formation africaine à marquer quatre buts dans une rencontre de Coupe du monde, les Fennecs viennent de remporter leur premier match en Mondial depuis 1982. Avec à la clef, un pas plutôt déterminant vers le second tour. « Aujourd’hui, nous avons gagné et nous nous plaçons à la deuxième place, déclarait peu après la victoire l’homme de la rencontre, Sofiane Feghouli. Nous ferons tout pour garder cette place. La Russie sera une équipe difficile à battre. Nous devons bien étudier le jeu de cette équipe que nous respectons. Nous savons qu’elle est composée de bons joueurs. » Le dernier obstacle de l’Algérie sera donc russe, une équipe, il ne faut pas l’oublier, que de nombreux spécialistes plaçaient à la seconde place du groupe H, devant l’Algérie. « Ca sera un match très difficile, pense Abdelmoumene Djabou, l’attaquant des Fennecs, car les Russes doivent absolument gagner s'ils veulent se qualifier pour le prochain tour… J’espère que nous serons dans un bon jour et à la hauteur de l'événement. »
Attaquer ou faire bloc ?
A Curitiba, l’Algérie sera en effet dans le costume du chassé et non pas dans celui du chasseur tel qu’on aurait pu s’attendre à le voir. La faute (ou grâce) à un début de Coupe du monde manqué par les Russes, mis en échec par la Corée du Sud (1-1) et vaincus par la Belgique (1-0). « Au départ de la Coupe du monde, mon équipe n'avait rien à perdre et demain (ndrl : ce soir) on aura quelque chose à perdre, soulignait hier en conférence Vahid Halilhodzic. Il ne faut pas trouver d'excuses, il faut chercher la qualification contre une très belle équipe de Russie, une grande équipe de football. C'est un moment pour entrer dans l'histoire et pour entrer dans l'histoire, il faut être exemplaire. » Dans une situation où un nul la qualifie, l’Algérie sera donc certainement torturée entre son désir de défendre (qui lui avait joué un mauvais tour contre la Belgique) et son penchant naturel pour l’attaque. « La Russie prendra l'initiative offensivement. Nous devrons nous méfier et nous essaierons de les surprendre et de marquer pour clore les débats, » avance pour sa part Djabou, qui semble donc miser sur une stratégie impliquant des contres pour les Fennecs.
Etre solide dans les têtes
S’il est une chose de certaine, c’est que le mental algérien ne devra pas flancher. De l’avis général, c’est dans la tête que la qualification pour les huitièmes de finale ira se chercher et nulle part ailleurs. « Je dois bien préparer mes joueurs psychologiquement pour éviter des crispations, reconnaît le coach Vahid avec lucidité. Car nous avons une équipe assez jeune. J'espère qu'ils seront bons et efficaces. » A entendre les principaux intéressés, à commencer par l’ancien Rennais, Yacine Brahimi, ce sera l’union sacrée autour de joueurs déjà sur le pied de guerre. « Tous les joueurs sont conscients de la mission et la nécessité de procurer de la joie au peuple algérien, a-t-il ainsi déclaré. La Russie est une très bonne équipe. Nous avons pu la visionner par vidéo. La clé du match est de faire preuve de solidarité. » Nos amis algériens effleurent du bout des doigts une qualification qui serait historique pour trois raisons.
1. Ce serait la première fois que l’Algérie s’extirpe de la phase de poules. Vu son jeu léché contre la Corée du Sud, ce ne serait pas usurpé.
2. Avec le Nigéria déjà qualifié et au regard de la désolation des équipes européennes, l’Afrique placerait deux équipes en huitièmes de finale d’un Mondial pour la toute première fois. Historique !
3. Vahid Halilhodzic a promis de chanter et danser algérien. Rien que pour ça, on veut voir les Fennecs s’en sortir. « Chaque chose en son temps ! » a toutefois tempéré le coach algérien avec amusement. En tout cas, si vous voyez ce soir un homme à l’allure austère tenter de baragouiner quelques mots arabes dissimulés derrière son accent bosnien, tout en remuant maladroitement son arrière-train, ne cherchez plus : l’Algérie sera en huitièmes de finale du Mondial !