BRESIL 2014

Italie

Mario Balotelli : Why always him ?

A seulement 23 ans, Super Mario possède déjà un palmarès impressionnant. Mais son CV est aussi et surtout rempli de nombreuses frasques toutes plus rocambolesques les unes que les autres.

Balotelli

« Mario Balotelli ». Dès que ce nom est prononcé, des tonnes d’images nous viennent à l’esprit. Sa célèbre célébration "musclor" en demi-finale de l’Euro, son T-Shirt "Why always me ?" brandi lors d’un derby mancunien, ses buts spectaculaires… Mais un autre type de pensées nous parvient aussi. Super Mario, comme il est surnommé, fait surtout parler de lui pour son comportement souvent considéré comme infantile, imprudent et incontrôlable. Si on voulait faire un film sur les aventures abracadabrantesques de Balotelli, une trilogie ne suffirait pas. Et dire qu’il n’a que 23 ans…

Mario le scandaleux

Après un énième accident de voiture (et on vous garantit que ce ne sont pas des Twingos qu’il engloutit à chaque fois…), il rétorque au policier qui lui demande pourquoi il se ballade avec 5000 livre sterling que c’est parce qu’il est riche, tout simplement…
Photographié aux côtés de parrains de la mafia, coupable d’avoir mis le feu à sa salle de bain en voulant y tirer un feu d’artifice, revenu sur le banc lors d’un match de sélection avec un iPad plutôt que de suivre la rencontre de son équipe, Super Mario enchaine les bourdes. Lors d’un match amical avec Manchester City, son entraineur le remplace aussitôt après qu’il ait tenté de marquer en réalisant une roulette pour humilier le gardien adverse (roulette complètement ratée au passage). Toujours à Manchester, alors qu’il s’ennuie au camp d’entrainement, Mario ne trouve rien de mieux à faire que de jeter des fléchettes sur ses petits copains des équipes de jeunes du haut de sa fenêtre. Alors qu’il a fait de son jardin en Angleterre une piste de quad, il fait installer une statue à son effigie devant sa maison de Milan, afin de « s’immortaliser ». Pour continuer dans la modestie, il affirme dans une interview « qu’un seul joueur lui est légèrement meilleur : Lionel Messi. » Révélé très vite, trop sans doute, à l’Inter Milan, Balotelli connait ses premières titularisations sous le maillot nerazzuri dès l’âge de 17 ans, grâce à Roberto Mancini. Mais la source de sa personnalité extravagante provient de sa jeunesse. Né de parents ghanéens en Sicile, bébé Mario souffre de gros soucis de santé. Une fois remis, ses parents, très pauvres, ne peuvent subvenir à ses besoins. Il est donc confié à une famille d’accueil du côté de Brescia : les Balotelli. Depuis toujours confronté au racisme anti-noirs, l’italo-ghanéen restera considéré comme apatride jusqu’au jour de ses dix-huit ans. Selon son ancienne institutrice, Mario est « l’élève le plus perturbé » qu’elle ait jamais eu, car il avait « un problème d’identité évident ». A chaque match qu’il dispute chez les jeunes, on ne cesse de lui demander sa licence pour vérifier sa nationalité. Dans le pays du Scudetto, « il n’y a pas d’italien noir ». C’est sans doute ce passé compliqué et atypique qui a fait de lui un énergumène médiatique, qui passe plus de temps à enfiler une chasuble qu’à s’entrainer.

Un début de carrière poussif

A l’arrivée de José Mourinho à l'Inter en 2008, qui le considère comme « ingérable », Balotelli est confronté à un supérieur hiérarchique à l’égo aussi surdimensionné que le sien. Evidemment, la relation entre les deux hommes ne ressemble pas à un long fleuve tranquille, et à 20 ans à peine, après avoir subi de nombreuses injures racistes en Italie, Balotelli est transféré à Manchester City, où il retrouve Mancini. Mario fuit la haine de ses coéquipiers et des supporters de l’Inter. Cette haine, il a contribué à la nourrir, en portant par exemple le maillot de l’ennemi, celui du Milan AC, lors d’une émission télévisée, alors qu’il jouait encore à l’époque pour l’Inter. Balotelli aime provoquer, et il sait que les médias aiment ça, surtout en Angleterre. Alors il continue. Pas une semaine ne se passe pendant ses deux saisons et demi en Premier League sans qu’on le surprenne dans une bagarre avec son entraineur ou ses coéquipiers ou qu’on entende des bêtises lors d’une conférence de presse. La saison 2011-2012, sa deuxième avec les Citizens, sonne comme la vraie explosion de l’attaquant d’origine ghanéenne. Malgré de mauvais résultats dans toutes les compétitions disputées par son club, excepté en championnat, Super Mario réussit une saison exceptionnelle. Il répond aux critiques des journalistes par un magnifique doublé lors d’une victoire face à l’ennemi Manchester United 6-1 à Old Trafford. Tout le monde se souvient de sa fameuse célébration, on ne peut plus arrogante, pendant laquelle on peut lire sous son maillot la question « Why always me ? ». Lors de la dernière journée, alors que le duel en tête du classement entre les deux équipes de Manchester fait rage, Balotelli délivre la passe décisive du titre pour Kun Agüero à la 94ème minute, alors que les fans des Red Devils étaient déjà en train de fêter le titre.

Enfant prodige devient superstar

Pendant l’intersaison, l’excentrique attaquant est appelé en sélection italienne pour ce qui sera son premier grand championnat international : l’Euro. Il en sera l’un des acteurs majeurs, considéré comme l’homme qui mena sa nation jusqu’en finale. Terminant co-meilleur buteur de la compétition, on se souvient surtout de son doublé face à l’Allemagne en demi-finale. C’est après ces deux buts qu’il enlève son maillot et révèle au monde du football ses muscles dans une célébration unique en son genre. En fin d’année 2012, Mario est nommé dans la liste des 23 pré-nominés pour le Ballon d’Or, mais sera transféré au mercato d’hiver car Mancini n’a plus confiance en lui. Il choisit alors de retourner dans son pays d’adoption, mais cette fois pour jouer pour son club de cœur : le Milan AC. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il manque très vite à l’Angleterre. Il donnait du grain à moudre aux tabloïds, et ses anciens partenaires s’estiment finalement déçus de ne plus pouvoir jouer à ses côtés. Mancini ira même jusqu’à prononcer ces mots : « Nous sommes vraiment désolés parce que nous aimons Mario ». Depuis toujours c’est une constante : ceux qui ont croisé la route de Mario l’apprécient et le trouvent extrêmement talentueux, mais son comportement incompréhensible l’empêche de gagner leur confiance. Cependant, il parvient à sauver Milan à de nombreuses reprises depuis son arrivée, ce qui ne suffit pas à éviter au club mythique d’enchainer les résultats médiocres sur tous les tableaux.

Mario au Brésil

Titulaire indiscutable avec la Squadra Azzura depuis l’Euro, il en est l’attaquant de pointe pour la Coupe du Monde. Il donne la victoire aux siens contre l’Angleterre lors du premier match de poule, mais reste muet face au Costa Rica lors du deuxième. Moyen sur le terrain dans cette compétition, Balotelli choisit Twitter pour faire une nouvelle fois parler de lui. Avant la défaite de vendredi, il demandait à la Reine d’Angleterre de lui faire un bisou sur la joue si son équipe venait à battre le Costa Rica. Moins drôle, il a aussi posté sur le net le numéro de téléphone d’un fan trop insistant afin que ses fans l’appellent et l’insultent de sa part. Nul doute que le buteur italien va vouloir se rattraper et prouver qu’il est l’un des tous meilleurs joueurs du monde en qualifiant son équipe pour les huitièmes de finale ce soir contre l’Uruguay.

Balotelli en chiffres :

Il aura fallu attendre son 22ème pénalty en pro pour le voir échouer dans cet exercice, un record.

Le 10 août 2010, il devient le premier noir sélectionné en équipe nationale d’Italie. Un an et demi plus tard, il inscrit le premier but d’un italien noir en sélection.

Le magazine Time le considère comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde.

88 buts en club, en 7 ans de carrière pro et 222 matches disputés. 13 buts en 32 sélection avec la Squadra Azzura, dont un en Coupe du Monde.

Le palmarès de Super Mario :

Avec l’Inter : Ligue des Champions (2010), 3 championnats d’Italie (2008, 2009, 2010), Coupe d’Italie (2010), Supercoupe d’Italie (2008)

Avec Manchester City : Championnat d’Angleterre (2012), Coupe d’Angleterre (2011), Community Shield (2011)

Avec l’Italie : Finaliste de l’Euro 2012, Troisième de la Coupe des Confédérations 2013

Palmarès individuel : nommé dans la liste des 23 pré-nominés du Ballon d’Or 2012, co-meilleur buteur de l’Euro 2012 (3 buts), meilleur buteur de la Coupe d’Italie 2007-2008 (4 buts), Golden Boy 2010

Pour terminer ce portrait d’un joueur talentueux mais incompris, laissons la parole aux supporters des Citizens, qui eux l’ont compris. Voici le chant qu’ils ont dédié à leur énigmatique buteur :

" Oh Balotelli he's a striker...

He's good at darts, has an allergy to grass

But when he plays, he's fucking class.

He drives around Moss Side with a wallet full of cash

Can't put on his vest, but when he does he is the best

Goes into schools, tells teachers all the rules

Sets fire to his gaff with rockets from his bath

He doesn't give a fuck, he just did it for a laugh

Runs back to his house for a suitcase full of cash "