Brésil
Le Brésil est à un tournant
Opposés au Cameroun ce soir à Brasilia, les Brésiliens vont livrer le match le plus important de leur début de Mondial. Si les éléments tournent bien, la compétition de la Seleçao pourrait définitivement être lancée.
La Seleçao n’est pas sur son nuage. Dire que le Brésil ne fait pas rêver en ce début de Mondial relève de l’euphémisme. Alors qu’on annonçait une razzia totale des hommes de Luiz Felipe Scolari, il n’en est rien. Une victoire poussive contre la Croatie (3-1), un match nul et vierge plus que logique face au Mexique et voilà le Brésil qui n’aligne pas deux victoires d’entrée dans un Mondial pour la première fois depuis 1978. Une statistique bien parlante qui n’effraie pas outre mesure l’ancien coach de Chelsea : « J'ai confiance en mon équipe, a-t-il déclaré en marge du match Brésil-Cameroun. Elle n'est pas au niveau de la Coupe des Confédérations. Mais, c'est normal, c'est différent. Les équipes sont plus fortes au Mondial. Il n'y a plus d'équipes faciles. » Il n’y a plus de formation facile à bouger, soit, mais il y a surtout une pression nettement plus importante que l’année passée, une pression que les secousses sociales brésiliennes ont grandement surmultiplié.
Des changements nécessaires
Face au Cameroun ce soir, la confiance de façade de Scolari devrait toutefois montrer quelques signes de fragilité. Devant la faiblesse affichée par son équipe, particulièrement en attaque, le sélectionneur devrait procéder à quelques changements. Au cours des premiers matches, seul Neymar a offert à la vue du public cette grinta et cette effusion d’envie propre au football brésilien. Mais outre les gestes techniques et les fulgurances de la star du Barça, les joueurs ont eu cette tendance à demeurer immobiles et introuvables, à commencer par Fred, très critiqué depuis l’ouverture. « Tout le monde sait que, dans notre équipe, Neymar est le joueur qui fait la différence, a déclaré l’ancien Lyonnais. Nos adversaires sont obligés de lui imposer un marquage particulier. » Alors qu’on pressent sa non-titularisation contre le Cameroun, l’actuel attaquant du Brésil se défend de ses piètres performances : « Durant cette compétition, je n'ai marqué aucun but lors des deux premiers matches et les médias l'ont plus que souligné. On m'a presque tué pour cela… Je sais qu'on peut rester deux matches sans marquer et puis repartir de l'avant. L'idée est de travailler sans relâche. »
Le pari d’une reconfiguration tactique
Malgré ses bonnes intentions, Fred pourrait être la principale victime du remaniement décisif de Scolari. Le recours à un nouveau système attendu qui apparaît comme étant plus qu’un pari superflu. Neymar pourrait ainsi se retrouver en pointe et laisser son côté gauche à un joueur comme Willian ou Bernard. Le Brésil gagnerait alors en mobilité et l’inactivité de Fred serait suppléée par la fulgurance de Neymar. Si ce système donne satisfaction, le Brésil pourrait alors connaître un renouveau précieux pour aborder la suite de la compétition. Mais si la Seleçao trébuchait encore, alors la confiance serait grandement entamée à l’heure d’aborder les huitièmes. « Premièrement, il faut penser qu'on doit se qualifier, pense Scolari. Les gens qui disent qu'on va choisir notre adversaire sont soit idiots soit mal intentionnés. Si on perd, on est qualifié? Il faut se qualifier, l'horaire des matches a été choisi par la Fifa ! Il y a un an je parlais du Chili. On m'a tourné en ridicule en disant que 'le Chili ne valait rien'. Maintenant, les gens les voient autrement... » Il est vrai qu’avec un Brésil du niveau de ses premiers matches, on tremblera quoi qu’il arrive en huitièmes, qu’importe que l’adversaire soit les Pays-Bas ou le Chili. Curieux paradoxe…