La ''Garra Charrua'' ou l'instinct de survie uruguayen

Il y des termes comme ça, qui raisonnent et se propagent, par delà le temps, les générations et les différences. Il y a des valeurs comme ça, qui unissent un peuple, le poussent et le subliment. La garra charrua est de ces notions pour le peuple uruguayen. Le terme vient d'un peuple amérindien d'Amérique du Sud, les charrùas. A l'arrivée des Espagnols et Portugais, ces autochtones leurs opposèrent une très forte résistance, n'acceptant jamais la domination des Européens. Cette lutte contre les colonisateurs causa leur perte, ils furent décimés et les trois derniers représentants de ce désormais mythique peuple furent exposés en France par une société française créée pour l'occasion. En souvenir de cette légendaire combativité, le peuple uruguayen, dont environs 8% de la population uruguayenne descend, surnomme son équipe du nom de ce peuple. Garra peut se traduire par personnalité, ainsi on peut comprendre ce surnom comme la force intérieure des Charrùas, qui habite chaque joueur de la Celeste. Dés lors, c'est l'instinct de survie, la hargne, la combativité et même la rage qui sont ici en jeu. C'est donc cet héritage historique et fortement ancré dans l'ADN des joueurs d'Oscar Tabàrez que les Italiens devront affronter ce soir.

Un match à 6 coupes

Le football peut être surprenant, déroutant, il n’obéit pas toujours aux règles économiques et démographiques qui pourraient l'enchaîner. D'un point de vue déconnecté de l'histoire footballistique, on pourrait voir le duel qui s'annonce comme un choc totalement déséquilibré, une opposition entre David et Goliath. Pourtant, c'est bien une rencontre à 6 coupes du Monde qui va se jouer dans quelques heures. L’Uruguay, ce pays d'un peu plus de 3 millions d'habitants, peut, en cas de victoire, éliminer la Nazionale et briser le renouveau de la sélection, entrevue lors du dernier Euro. Dégager un favori dans ce véritable seizième de finale est une tâche des plus ardues. Du génie d'Andréa Pirlo à la détermination de Luis Suarez, meilleur exemple de la garra charrua, les deux équipes ont dans leur rang les qualités nécessaires pour briller, bien au delà de ce match. Le pronostique n'est pas chose aisée mais on peut sans nul doute avancer que le Mondial s'apprête à perdre un prétendant à la victoire finale.

Luis Suarez, le facteur X ?

C'est le troisième match de Coupe du monde entre ces deux formations, le premier depuis 1990. L’Uruguay n'a pour l'instant pas fait mieux qu'un match nul et vierge face à ce coriace adversaire. Les clés du match sont multiples mais reposent toutes sur les hommes forts des deux sélections. L’Italie va devoir sécuriser sa défense, retrouver une base défensive cohérente et solide. La probable titularisation de Gianluigi Buffon peut être une excellente nouvelle pour la Gli Azzurri s'il retrouve rapidement son meilleur niveau. Le performance de Chiellini sera elle aussi déterminante face à l'intenable Luis Suarez. Au milieu de terrain, Pirlo, architecte de sa sélection, va devoir maintenir son niveau de jeu et sa lucidité pendant l'ensemble de la rencontre et ce malgré les conditions climatiques étouffantes. Enfin, en attaque, Mario Balotelli va devoir redevenir Super Mario s'il veut pouvoir profiter de la jeunesse du défenseur José María Giménez. Du côté de l'Uruguay, plus que les individualités, c'est le collectif et cette fameuse garra charrua qui pourra faire la différence. Enfin...Ce n'est pas tout à fait vrai, il y a dans cette équipe, un joueur qui peut à lui seul faire basculer ce match. Luis Suarez, comme il l'a fait lors de la confrontation face à l'Angleterre, peut être ce facteur X qui a manqué à la Celeste lors du premier match. Ses larmes après son doublé sont le symbole de sa détermination sans faille (et parfois excessive) qui peut dans ce choc, peser très lourd.

Dans ce match indécis au plus au point, on peut parier qu'un parfum d'histoire et de culture accompagnera les joueurs uruguayens. Quoi qu'il arrive, ils se battront, comme un certain peuple jadis.