Italie
Verratti : le hibou prend son envol
A 21 ans, Marco Verratti a déjà tout d’un grand. Ce soir, le gamin de Pescara devrait être titularisé pour son premier match en Coupe du monde face à l’Angleterre, alors qu’il n’était même pas assuré d’être dans la liste des 23 retenus pour ce Mondial. Une progression fulgurante à l’image de la carrière du nouveau génie de la Squadra Azzurra.
1m 65 de pur talent, 60 kg de tonus et d’énergie à revendre, un physique callipyge et de l’or dans les pieds : voilà vous connaissez déjà tout de Marco Verratti. Sur un terrain, l’italien est plein de vices. Râleur, il se plaît à beaucoup trop la ramener auprès du corps arbitral. Cette fâcheuse tendance à haranguer les arbitres lui vaut souvent un carton jaune. Le gamin de Persaca commence à mûrir et gomme légèrement ce défaut parasitaire de son jeu.
Mais, le chouchou du Parc des Princes et roi des petits crochets délicieux à faire pâlir n’importe quel entraîneur, coach fragile s’abstenir, possède un culot incroyable. Chance du débutant certainement pas ! Verratti maîtrise toutes les armes du parfait milieu de terrain. Serein dans n’importe quelle situation, il n’en finit plus d’effrayer ses supporters et son staff. Il aime cette montée d’adrénaline à chaque grigri tenté devant sa surface de réparation. Et si cela ne plaît pas à ses entraîneurs ? Peu importe ! Marco aime agir comme il l’entend et fait preuve de caractère : « C'est mon mode de jeu. Si vous m'enlevez le plaisir du risque, c'est mieux que je rentre chez moi. Même Laurent Blanc me rappelle à l'ordre parfois, et moi, par charité, je l'écoute. »
Phénomène balle au pied, « le Hibou » impressionne
Il est le fruit du parfait clonage entre Andrea Pirlo, pour sa capacité innée à voir le jeu et l’orienter, et Gennaro Gattuso, pour sa rage, sa fougue et son engagement. Drôle de chimère que ce petit Marco, vision d’aigle et comportement de chien fou. Pourtant, ne vous y trompez pas, son surnom c’est le « petit Hibou ». Surnommé ainsi par sa fiancée Laura, qui trouve que son petit ami ressemble à cet oiseau nyctalope en raison de son visage rond et de ses grands yeux bleus. Un surnom qui, plus sportivement parlant, lui scié à merveille.
En effet, l’animal possède une vision du jeu parfaite qui, à 21 ans seulement, en fait le patron du PSG. Derrière la pléiade de stars et les noms ronflant du club de la capitale, une nouvelle étoile pointe le bout de son nez.
Dirty Marco est un phénomène de précocité, qui plus est, le prototype quasi parfait du milieu de terrain moderne. En une saison, il a séduit Laurent Blanc : « Marco sent le football, respire le football et le met en pratique. Il joue aussi dans une zone où on a tendance à voir des joueurs au physique plus imposant, à l'agressivité beaucoup plus importante, mais il s'avère que quand il a le ballon, il ne le perd pas beaucoup et il peut distribuer le jeu. »
Originaire de Pescara, dans les Abruzzes, il a fait toutes ses classes dans le club de sa ville natale qu’il chérit tant. Professionnel à 16 ans, il est d’abord positionné comme trequartista, sorte de milieu offensif situé derrière l’avant-centre. Replacé plus bas, juste devant la défense, les clefs du jeu lui sont données. Verratti devient, au fil des matchs, une véritable rampe de lancement enchaînant, à merveille, remises rapides et jeu long. Une capacité à varier le jeu qui le rapproche de son idole, Andrea Pirlo.
Adoubé par le maestro Pirlo
Le maître à jouer de la Juventus Turin l’adoube et dresse les louanges de la pépite des Abruzzes : « Marco est un grand joueur qui a gagné en expérience et en caractère. Je suis sûr qu’il deviendra l’un des plus forts en Europe. » Excusez du peu !
Personne n’imaginait encore, il y a trois semaines, que le milieu de poche italien intégrerait la liste des 23 azzurri. Pourtant, ce soir Verratti devrait être titulaire dans le nouveau schéma de Cesare Prandelli. Le sélectionneur de la Nazionale sait désormais qu’il peut associer deux milieux avec des profils similaires, Pirlo et Verratti. Un milieu créatif ne fournissant aucun repaire aux adversaires, c’est ce que semble apprécier Prandelli : « C’est un joueur qui ne donne pas de repère à l’adversaire et qui apporte de la qualité à l’équipe. Je ne veux pas parler de schéma et de tactique, je veux une équipe capable de changer, d’oser. » Avec Verratti, le voilà servi.
Jeune étoile montante du football italien, il ne lui reste plus qu’à gommer le déchet qui subsiste parfois dans son jeu et certaines prises de risques inutiles. Mais faut-il brider le Hibou ? Laissons-le déployer ses ailes et prendre son envol pour régaler encore et encore les amoureux du ballon rond.
Le « Pirlo des Abruzzes » a, un soir de Paris-Saint-Germain/Nantes (5-0), gagné un énième surnom, celui de Verrattinho. En cause, un nouveau geste mêlant arrogance et génie faisant lever les foules, une feinte de corps magnifique juste devant sa défense. Cette folie pourrait, à elle seule, résumer ce qu’est Marco Verratti. Talent, précocité, arrogance, culot, caractère … toute l’Italie dans sa splendeur.