BRESIL 2014

Groupe E

Les 5 questions soulevées par France-Honduras

Soulagement, plaisir, efficacité. Une ribambelle de mots nous vient à la bouche pour qualifier le large succès des Bleus face au Honduras (3-0). L’équipe de France a réussi une entrée fracassante dans le Mondial 2014, entrée qu’on a compilé sous la forme de 5 questions essentielles.

Pogba Benzema

Quelle est la portée de cette victoire (3-0) ?

Elle est tout d’abord historique. La France n’avait plus marqué, et par conséquent ne s’était plus imposée, dans un match inaugural de Coupe du monde depuis le 12 juin 1998 lors d’une rencontre jouée à Marseille contre l’Afrique du Sud. L’importance de cette victoire n’est donc pas négligeable puisqu’elle remet la France en phase avec une histoire brutalement stoppée en 2002 contre le Sénégal. Surtout, elle offre aux Bleus un capital confiance non-négligeable car on ne l’a que trop répété : gagner d’entrée est tellement important pour la confiance. A l’abord des deux prochains matches, les Bleus sauront qu’ils ont fait la moitié du chemin, ils évolueront donc paradoxalement contre des équipes plus fortes que le Honduras mais avec deux fois moins de pression.

Karim Benzema est-il le nouveau leader des Bleus ?

La préparation quasiment parfaite de l’équipe de France avait tout de même été entachée par le forfait final de Franck Ribéry pour le Mondial. Jusqu’alors, le Bavarois endossait parfaitement son rôle de leader technique et s’affirmait comme la star numéro un du groupe France. On craignait que personne ne soit en mesure de le suppléer mais Karim Benzema a bondi. Le Madrilène a réussi la plus idéale des entrée en matière en Coupe du monde. Il a transformé son pénalty sans trembler, il a amené le deuxième but d’une somptueuse reprise (but qui lui sera accordé dans nos têtes de façon officieuse) et a conclu la marque en logeant une frappe sous la barre hondurienne. Il va sans dire que le joueur a éclaboussé la rencontre de toute sa classe. Mieux, on l’a vu à de nombreuses reprises tenter de calmer Pogba et même Cabaye lorsque c’est le Parisien, pourtant serein d’habitude, qui se laissait prendre au jeu de la provocation. Ne cherchez plus, l’ancien Lyonnais, certainement mis en confiance par la ferveur de Ribeirao Preto, est définitivement le nouveau leader français. Et un leader de talent s’il vous plait. On n’en attendait pas moins de lui.

Didier Deschamps peut-il vraiment compter sur sa charnière Varane-Sakho ?

Décidément, on a du mal à répondre aux questions soulevées par la charnière centrale des Bleus. Après le mano à mano Koscielny/Sakho finalement remporté par l’ancien Parisien, on était impatient de voir le comportement du duo Varane-Sakho sur un pré brésilien. Dans un premier temps timorée, comme le reste de l’équipe, la charnière est vite montée en puissance et a su contenir les timides temps forts du Honduras. On regrettera toutefois la faiblesse offensive de cet adversaire inaugural tant il n’a pas permis à Sakho et Varane de se mettre vraiment en évidence et donc par conséquent d’entrer véritablement dans ce Mondial. On regrettera aussi les prises de risque et les quelques manquements du joueur des Reds ainsi que cette protection de balle moins bien maitrisée par l’ancien Lensois qui le contraignit à prendre un risque en taclant dans sa surface. La Coupe du monde démarrera certainement vendredi contre la Suisse pour nos deux défenseurs centraux.

Comment gérer le cas Pogba ?

Avouez que vous avez eu des sueurs froides. Reconnaissez que cette sensation éprouvée en 2006 lors de la finale du Mondial, lorsque les écrans de télé diffusaient le coup de tête de Zidane et que l’arbitre délibérait, est brièvement revenue vous chatouiller les narines. On joue la 26ème et subtilement piétiné par Wilson Palacios (une honte !), Paul Pogba perd ses nerfs et assène un coup de pied de représailles façon Beckham sur Simeone lors du Mondial 98. On craint alors le pire, le playboy anglais avait pris un carton rouge ce jour-là. La chance de Pogba : l’agressivité de Palacios sur ce coup n’a pas échappé à l’arbitre qui partage alors les torts. Un jaune chacun. Le joueur de Stoke, tout à coup dans le viseur de monsieur Ricci, sera expulsé quelques instants plus tard sur une nouvelle charge à l’encontre du Turinois. Il apparaît évident que les Honduriens avaient fait du jeune milieu tricolore leur cible privilégiée. Joueur le plus à-même de faire la différence au milieu, il était clairement la cible des bouchers nord-américains. C’est là que sa nature ombrageuse est revenue au galop. Le joueur, jeune et fougueux, demeure fragile mentalement et a encore des difficultés à se contenir (voir son carton rouge contre l’Espagne en qualifs). Didier Deschamps le sortira par ailleurs très vite dans ce match pour le préserver. Un travail psychologique s’impose, on imagine que le sélectionneur tricolore entamera quelques discussions pour régler ce problème. Le joueur ne devrait en tout cas pas être autant harcelé contre la Suisse et l’Equateur et donc demeurer plus calme. On l’espère.

La France peut-elle déjà entrevoir les huitièmes de finale ?

C’est une évidence. Les Bleus, bien qu’opposés à un adversaire des plus modestes, ont montré un visage fringant. Quelques enchainements et redoublements en une touche de balle font d’ailleurs partie des toutes meilleures séquences qu’on a pu voir depuis ce début de Coupe du monde. A n’en pas douter, les Bleus auront donné une excellente impression à la terre entière. Sans compter sur le fait que leurs deux prochains adversaires, la Suisse et l’Equateur, ont livré une pâle copie dans la somptueuse arène de Brasilia. Si les Helvètes ont fini par prendre les trois points à la dernière seconde, ils ne les doivent qu’à la naïveté équatorienne sur le contre final. Bonne nouvelle pour les Bleus, ils ont passé l’écueil de l’adversaire le plus violent et le plus combattif physiquement. Dans un registre plus technique, Suisses et Sud-Américains devraient proposer du jeu et donc permettre aux Bleus d’évoluer dans un contexte moins haché. Vu les prédispositions technico-collectives de cette équipe de France, on ne peut qu’être confiant. De toute façon, quand on remporte son premier match de Mondial sur le score de 3-0, on ne peut qu’avoir fait un pas de géant vers le second tour (sauf la République Tchèque en 2006 mais ce n’est pas le même contexte, ni le mêle groupe, ni la même équipe).