BRESIL 2014

Mexique

Le paradoxe Ochoa

Il est capable du meilleur comme du pire. Il, c’est le gardien d’un club relégué en Ligue 2 qui brille de mille feux en Coupe du monde. Une étrangeté made in Mexique. Portrait avant Pays-Bas - Mexique.

Ochoa

Guillermo Ochoa fêtera ses 29 ans le 13 juillet prochain, jour de la finale du Mondial. Pas besoin de se creuser la tête bien longtemps pour savoir ce qu’il a inscrit tout en haut de sa liste de cadeaux : une finale d’anniversaire au Maracanã. Il faut dire que pour le moment, il est plutôt bien parti. Avec deux victoires et un match nul face au Brésil, el Tri termine deuxième de sa poule. D’ailleurs, parlons-en de ce 0-0 face à la nation hôte. L’homme du match n’était autre que Memo Ochoa, auteur d’une prestation remarquable entre splendides parades et arrêts réflexes.

Né à Guadalajara, le jeune homme débarque au Club América en première division mexicaine à l’âge de 17 ans. Pendant huit saisons, il garde les cages du club et démontre toute l’étendue de son talent et de ses boulettes. En 2007, déjà, il avait été le bourreau du Mexique lors de la Copa América permettant au Brésil de s’imposer 2-0. Memo devient alors un phénomène médiatique. Il s’invite en couverture de la version Amérique centrale de Fifa 08 et Fifa 09 et s’offre même le luxe de faire partie des 50 nominés pour le Ballon d’or. En 2010, énorme désillusion pour cet adepte du bandeau noir façon Ronaldinho : le sélectionneur, Javier Aguirre, lui préfère Oscar Pérez lui faisant passer l’intégralité du Mondial sud-africain sur le banc.

Des soupçons de dopage

Annoncé au PSG, le gardien aux frisettes brunes atterrit finalement à Ajaccio en 2011. Vous vous demandez sans doute pourquoi. Pour les charmes de l’île de beauté ? Ce serait trop facile. L’histoire est bien plus passionnante. Le 21 mai 2011, il est contrôlé positif au clenbutérol durant la Gold Cup. « Quézaco ? » nous direz-vous. Rien de plus qu’un médicament d’usage vétérinaire détourné comme dopant ou pour maigrir. Sa Fédération a beau le blanchir pour « contamination par la nourriture », on comprend bien que l’affaire ait pu refroidir le PSG. Ochoa l’affirme lui-même : « Ajaccio était le seul club qui m’a alors soutenu et proposé de venir. » Aujourd’hui, après trois saisons avec le club corse, il arrive en fin de contrat et se prépare à quitter l’île. Mais les supporters ne l’entendent pas de cette oreille. Un fan a mis sa maison, sa femme, sa mère « très active malgré son âge » et ses deux enfants en vente afin de récolter 10 millions d’euros pour offrir à Ochoa un nouveau bail de trois ans. On précise, bien évidemment, que tout ceci est à prendre au second degré.

Un style atypique

Le portier mexicain possède une détente impressionnante sur sa ligne de but mais il s’illustre aussi avec des fautes de concentration. Critiqué pour des buts qu’il a encaissés sur des tirs lointains ou pour ses sorties hasardeuse, Ochoa est un spécialiste des arrêts des deux poings peu conventionnels et peu rassurants. Antonio Carbajal, ancien gardien du Mexique, avait dit de lui : « Il se prend trop de buts sur des tirs lointains. Sur les centres, il peine trop souvent dans ses sorties. Je commence à me demander s’il n’a pas des problèmes de vue et de concentration… » S'il y a un opticien dans le stade, ce soir, pour rassurer Carbajal...