BRESIL 2014

Coupe du monde 2014

Mondial et C1 : La voie possible vers une double gloire ?

De nombreux acteurs du Mondial à venir disputent ce soir la finale de la Ligue des Champions qui oppose l’Atlético Madrid au Real Madrid. Ces joueurs peuvent-ils légitimement espérer disputer l’autre finale, mondiale celle-ci, le 13 juillet prochain ? Eléments de réponse.

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Par souci de clarté, cette étude ne concernera que les Coupes du monde de 94 et d'après.

1994 – La légion italienne manque le doublé

Au stade Rose Bowl de Pasadena, le 17 juillet 1994, la finale de la Coupe du monde accouche d’une affiche alléchante entre deux favoris à la succession de l’Allemagne, sacrée quatre ans plus tôt à Rome. D’un côté, les Italiens de Paolo Maldini, de l’autre les Brésiliens de Romario. Quelques semaines plus tôt, la finale de la Ligue des champions oppose l’irrésistible armada du Milan AC du même Maldini au FC Barcelone d’un certain…Romario. Le Milan d’alors renverse tout sur son passage (4-0) et permet à Paolo Maldini, Demetrio Albertini, Daniele Massaro et Roberto Donadoni d’envisager un incroyable doublé C1-Mondial lorsqu’ils pénètrent sur la pelouse du stade Rose Bowl. Il n’en sera rien. Au bout d’un match fermé, Roberto Baggio scelle la revanche de Romario sur les Italiens en manquant son tir au but décisif.

Bilan : Cette année-là, on compte donc cinq joueurs ayant eu le privilège de disputer deux finales à suivre mais aucun n’a soulevé les deux trophées.

1998 – Christian Karembeu rafle tout

Cela peut paraître étrange car il n’est pas le joueur tricolore le plus populaire. Christian Karembeu est à ce jour l’unique joueur français à avoir enlevé une Ligue des Champions et une Coupe du monde en l’espace de deux mois. Titulaire avec le Real Madrid en finale de la C1 98 à Amsterdam, le natif de Lifou en Nouvelle-Calédonie réussit un match parfait face à la Juventus de Zinédine Zidane et Didier Deschamps. Défaits en finale de la Coupe aux grandes oreilles, l’actuel sélectionneur des Bleus et le Ballon d’Or 98 se rattrapent le 12 juillet de la même année en faisant basculer tout un pays dans la liesse. Présent à leurs côtés, Christian Karembeu jubile. Ce n’est pas le cas de Roberto Carlos. Triomphant en C1, le talentueux latéral brésilien échoue en quête d’un doublé historique, à la fois pour lui-même et pour son pays, vainqueur quatre ans auparavant.

Bilan : Cette année-là, on compte donc quatre joueurs ayant eu le privilège de vivre à la fois la finale de C1 et celle du Mondial. Christian Karembeu est l’unique joueur de 1998 ayant eu la possibilité de soulever les deux trophées.

2002 – Roberto Carlos tient son doublé

Quand on évoque 2002 et la finale de la Ligue des Champions, il est impossible de ne pas penser immédiatement à la somptueuse reprise de volée de Zinédine Zidane. A Glasgow, le geste du numéro 10 tricolore suffit à lui seul à rendre légendaire le match entre le Real Madrid et le surprenant Bayer Leverkusen. Triste perdant de la finale, le club détenu par le géant pharmaceutique compte toutefois dans ses rangs trois talents qui iront prendre leur revanche quelques semaines plus tard en Corée du Sud et au Japon. Oliver Neuville, Bernd Schneider et surtout Michael Ballack contribuent à emmener l’Allemagne jusqu’en finale contre le Brésil. Deux d’entre eux seulement pourront prendre part à la rencontre, Ballack étant victime d’une suspension. Neuville et Schneider tombent donc face au Brésil d’un certain Roberto Carlos (2-0). Victorieux de la C1 aux côtés de Zidane, le Brésilien récidive avec Ronaldo (futur Madrilène) et décroche enfin ce doublé qui lui avait échappé en 1998. Défait avec Leverkusen, Lucio prend également part à la finale côté Seleçao et connaît la joie de renverser sa frustration en soulevant le trophée mondial.

Bilan : Cette année-là, quatre joueurs connaissent l’ivresse de deux finales. Deux chutent à chaque fois (Schneider, Neuville). Un se rattrape lors du Mondial (Lucio). Un dernier se la joue comme Karembeu et rafle tout (Roberto Carlos).

2006 – Ce malheureux Henry

2006 amorce une nouvelle donne au niveau des grandes finales. Des vingt-trois Italiens qui triomphent à Berlin contre la France en finale de la Coupe du monde, aucun n’est présent quelques semaines plus tôt au Stade de France où se dispute la finale de la Ligue des Champions entre Arsenal et le FC Barcelone. En réalité, un seul joueur connaît cette année-là le parfum des deux finales : Thierry Henry. Décisif durant la campagne européenne d’Arsenal la plus aboutie de l’histoire, le joueur chute à Saint-Denis face au génie de Ronaldinho, Deco et Samuel Eto’o. Quelques semaines plus tard, aux côtés de Zidane et Ribéry, il a beau se démener pour dominer l’Italie, la défense de la Squadra Azzura ne rompt pas. La suite, on la connaît.

Bilan : Cette année-là, aucun des futurs champions du monde italiens ne voit la finale de la C1. Seul Henry dispute les deux finales. Pour deux tristes défaites.

2010 – Le paradoxe espagnol

Ce que l’année 2006 avait enclenché, 2010 le confirme. Aucun des joueurs espagnols soulevant le trophée de la Coupe du monde à Johannesburg n’a pris part à la finale de la Ligue des Champions quelques semaines plus tôt. Cette finale, disputée entre le Bayern Munich et l’Inter de Milan, voit les Italiens et leur coach José Mourinho triompher. Parmi eux, un futur finaliste néerlandais et grand artisan du brillant parcours milanais en C1 : Wesley Sneijder. Vainqueur de la Serie A, de la Coupe d’Italie et de la Ligue des champions, le Néerlandais est en passe de réussir un fabuleux quadruplé le 11 juillet 2010 lorsqu’il pénètre dans le Soccer City de Johannesburg et frôle le trophée mondial. La volonté et la hargne d’Andrés Iniesta en décideront autrement. Parmi les Néerlandais, on compte aussi deux Thierry Henry cette année-là. Robben et van Bommel, battus avec le Bayern, le sont également avec les Pays-Bas face à l’Espagne (1-0, ap).

Bilan : Cette année-là, les futurs champions du monde, une fois encore, sont complètement absents de la finale continentale quelques semaines auparavant. Sneijder se console avec une finale gagnée et une finale perdue. van Bommel et Robben se parent d'argent deux fois consécutives.

2014 - ???

2006 a-t-elle réellement changé la donne ? Le pays vainqueur doit-il nécessairement ne pas aligner le moindre joueur en finale de la Ligue des Champions afin de triompher quelques semaines plus tard ? Si cela soulève une vérité notable, alors les Brésiliens peuvent se frotter les mains. Les favoris déclarés du Mondial 2014 n’auront pas le moindre joueur aligné d'entrée ce soir lors de la finale. A moins que Marcelo ne soit en mesure de faire son entrée. Il en sera toutefois de même pour l’Angleterre, l’Italie ou encore l’Allemagne. Pas de chance en revanche pour les nations qui aligneront des joueurs parmi lesquelles, la France, l’Argentine, le Portugal et surtout l’Espagne, majoritairement représentée, finale 100% madrilène oblige.

Bilan : Rendez-vous le 13 juillet prochain.