BRESIL 2014

Ghana

Jordan Ayew : renaissance d’un Black Star

Jordan Ayew devrait disputer ce soir son premier match de Coupe du monde. Le Marseillais est encore en balance avec Majeed Waris pour épauler Asamoah Gyan à la pointe de l'attaque ghanéenne. Portrait d'un sale gosse sulfureux mais non moins talentueux.

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Talentueux, précoce, impulsif et parfois incompris, à seulement 22 ans Jordan Ayew a déjà connu des hauts et des bas. Dans les traces de son père Abedi Pelé puis de son frère André, de deux ans son aîné, Jordan débute sous le maillot de l’OM le 16 décembre 2009 à Lorient. Il entre en jeu à la place d’un certain Fernando Morientes, sur la pelouse du Moustoir. 1er match et 1er but chez les professionnels. L’attaquant ghanéen réussit son envol. Ce match lance l’OM dans la course au titre et c’est la naissance de Jordan, ex-fils et frère de. Sa cote de popularité aux alentours du Vélodrome n’aura jamais été aussi bonne que ce soir-là.

Un départ en boulet de canon et un titre acquis en fin de saison. Dans un premier temps Jordan étonne. Son apprentissage se poursuit sur la Canebière, il y remporte un Trophée des champions et une Coupe de la Ligue. En 4 ans, sous les couleurs phocéennes, ses statistiques sont en perpétuelle progression.

L’image d’un sale gosse

Mais ce que l’on retiendra de Jordan Ayew, dans la cité phocéenne, c’est son côté faste. Une image médiatique brouillée, controversée à cause d’un comportement souvent décrié. Le moindre remous est pointé du doigt et fait le buzz comme son accrochage avec Mathieu Valbuena au cours de la saison dernière. Et 4 mois plus tard, sa fougue, son impulsivité lui vallent une expulsion 111 secondes seulement après son entrée en jeu à Evian-Thonon-Gaillard. Quelques semaines plus tard, il s’en prend à David Beckham, lors d’un PSG-OM (2-0).

Des erreurs de jeunesse qui font tâche dans la carrière du jeune ghanéen. Une image négative dont il a du mal à se détacher. Jordan agace. Il peine à se canaliser sur le terrain et peut, à n’importe quel moment, pour un oui ou pour un non péter un plomb. Jordan fait parti de ces joueurs que les adversaires détestent non pas pour ses facéties capillaires mais pour son comportement de chambreur impulsif. Il devient vite le sale gosse de la Ligue 1. Un comportement que l’on impute à un problème de patience. Une constante soif de réussite qui pousse le cadet des Ayew à se démener sur le terrain.

Le début de saison 2013-2014 devait être celle du changement pour Jordan Ayew. Mais ses statistiques, pas franchement flamboyantes, vont plomber son émancipation. 1 but en 16 journées de Ligue 1, c’est trop peu pour cet impatient. Barré à Marseille, Jordan ose le pari du prêt et débarque à Sochaux où il retrouve un homme qu’il connaît bien, Hervé Renard.

Le déclic Renard

Sochaux est alors relégable mais le plus jeune des Ayew sait qu’il aura du temps de jeu et donc une carte à abattre pour se relancer. Des débuts en dents de scie, mais il peut compter sur le soutien sans faille de son entraîneur. Les deux hommes se connaissent depuis des années à l’occasion du passage d’Hervé Renard dans le staff de la sélection ghanéenne. Plus qu’un coach, Renard est la principale raison de sa venue dans le Doubs. Une sortie en larme après une victoire face à Nantes (1-0), des émotions qui ne trompent pas. Jordan marche à l’affectif. Il était venu à Sochaux pour se relancer, un pari osé mais remporté. Un bilan de 17 matches avec les Lionceaux et 5 buts inscrits. Au-delà des statistiques, ce qui marque, c’est le changement de comportement du Ghanéen dans le jeu mais également sur le terrain.

Le talent, le Marseillais l’a toujours eu : puissant, rapide, technique, capable d’éliminer et adroit devant le but. Jordan semble depuis ses débuts avoir plus de « ballon » que son frère. C’est Abedi Pelé lui-même qui le dit : « Jordan a un style très différent, un peu comme Cristiano Ronaldo. Il est plus grand (que son frère), a beaucoup de vitesse, beaucoup de physique ». Mais pas seulement, renchérit le géniteur des deux talents marseillais. « Regardez ses contrôles, ses passes, ses frappes, il rend le football plus beau. Jordan, c’est quelque chose de plus fort encore. » Il ne lui restait plus qu’à canaliser son énergie. C’est désormais chose faite depuis son passage avec son mentor de toujours Hervé Renard. Son passage éclair à Sochaux a convaincu même les plus sceptiques. Jordan a changé, il a mûri, il a surtout progressé mentalement.

Prochaine étape pour « Jo », disputer sa première Coupe du monde. Il l’a dit et répété jouer un Mondial c’est son rêve : « C’est un rêve, comme pour tous les joueurs. On rêve tous de jouer une compétition comme ça. Ce sera peut-être la dernière pour laquelle le Ghana sera qualifié. J’ai l’opportunité d’y être et j’essaie de faire le maximum pour. » Il s’est donné les moyens de s’envoler vers le Brésil avec les Black Stars. Il fait parti des 26 joueurs présélectionnés par Kwesi Appiah. S’il laisse ses « vieux démons » de côté, il aura une belle carte à jouer sur le front de l’attaque ghanéenne, et marchera sur les traces de son grand frère, André.