BRESIL 2014

Chroniques

Ils feront péter quoi la prochaine fois ?

Dans le cadre d’une opération de communication pour le moins originale, l’ancien équipementier des Bleus, Adidas, a détruit hier soir le bus qu'utilisait (ou n'utilisait pas) l’équipe de France lors du Mondial 2010, et ce devant une centaine de personnes et des caméras. Il paraît que cette destruction débarrassera une fois pour toutes les Bleus de ce sombre épisode du passé. Enfin, il paraît…

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En 2010, les Bleus avaient refusé d’en descendre. Maintenant, c’est sûr, ils ne pourront jamais plus y retourner. Adidas a fait le choix original, à défaut d’être fort, de soutenir ses joueurs français sous contrat en se débarrassant du bus de la honte. L’opération a fait son effet puisque tous les médias se sont emparés de l’affaire (nous aussi du coup). Tout ça parce que nous demeurons, même quatre ans après, dans un contexte où tout est prétexte à faire continuellement rejaillir cette satanée grève des joueurs. Cette destruction du symbole le plus parlant du dérapage des Bleus a donc été l’occasion pour les rédactions d’en remettre une couche. Et mine de rien, ça commence à faire beaucoup. De nombreux ballons ont roulé dans les cages depuis l’épisode de Knysna mais l'affaire s’évertue à revenir de façon aussi sempiternelle qu’une blessure d'Abou Diaby. Quand on sait que les joueurs ont avant tout besoin de soutien à moins de trois semaines du premier match, quand on voit tous les efforts consentis par la Fédération depuis 48 mois pour tenter de se sortir du gouffre, on peut aisément comprendre l’agacement de Didier Deschamps en conférence de presse il y a deux semaines : « On y revient à chaque fois (ndrl : la grève). Si vous pouviez ne plus en parler... On ne peut rien y faire. C'est acté. Il s'est passé ce qu'il s'est passé. Ce n'est pas en reparlant de cela qu'on va arranger ou améliorer ce qui nous attend. » Il n’a pas tort dans le fond notre Didier national.

Ils ne méritent pas ça !

Parce qu’à y regarder de plus près, outre l’instigateur Ribéry qui s’est refait la cerise via le sportif, le suiveur Valbuena ou l’explosif Evra (à l’égard duquel on peut comprendre l’animosité de certains), que reste-t-il des grévistes dans le groupe France actuel ? Qu’ils s’appellent Debuchy, Varane ou Sakho ou qu’ils aient le nom Pogba, Matuidi ou Cabaye floqué sur leur maillot, les joueurs qui s’envoleront au Brésil ne méritent clairement pas d’endurer les remous d’une affaire aussi lointaine et dont ils ne sont pour la majeure partie absolument pas responsables. La destruction de ce bus hier soir était supposée mettre définitivement l’affaire derrière l’équipe de France. Mais qui nous dit qu’on ne trouvera pas bientôt d’autres symboles à dilapider ? Qui nous assure que dans deux semaines, ce n’est pas le chronomètre-javelot de Robert Duverne que l’on va mettre aux supplices de quelques pétards devant une ribambelle de journalistes ? Juste parce que c’est lui aussi un malheureux symbole. Tant qu'on y est, pourquoi ne pas aller faire sauter le vestiaire du stade de Polokwane où Anelka a proféré ses insultes au regretté Raymond ? On exagère un poil mais l’idée est là. Ce malheureux bus désormais hors-course (bon ok, ce n’était qu’une réplique dont les morceaux seront revendus pour des associations), on a quand même du mal à croire que les Bleus en ont pour autant terminé avec leurs déboires. A défaut d'éteindre la braise, l'opération l'a même plutôt ravivée. Et c’est bien dommage.